Tous ces articles ont été publiés dans le LIEN des Cellules de Prière.
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Persévérer dans la volonté de Dieu
Il ne suffit pas d'avoir fait la volonté de Dieu une fois dans sa vie pour prétendre pouvoir entrer dans le royaume de Dieu. Jésus nous dit que seuls ceux qui persévéreront jusqu'à la fin dans la volonté de Dieu y entreront. Pour bien comprendre cet avertissement de Jésus, examinons la manière avec laquelle il a accompli la volonté de son Père tout au long de sa vie terrestre. En voici le PDF.

 
Faites fructifier vos talents
Nous avons tous reçu des dons (talents) différents et nous avons le devoir de les faire fructifier, non seulement dans l'Église, mais aussi dans la société. Dans l'Église. Connaissons-nous vraiment les talents que le Seigneur nous a confiés ? Pouvons-nous vraiment les manifester ? Il y a cependant bien des écueils : la crainte d'être embarqué sur un chemin que nous n'aurions pas choisi ; la jalousie ou la convoitise, qui nous empêchent de développer nos propres talents ; l'autoritarisme, qui étouffe les talents des uns et des autres, au profit de quelques responsables. Dans la société. Vivre de l'Évangile, c'est s'impliquer dans la société en y promouvant des valeurs judéo-chrétiennes, c'est y être lumière et sel, c'est y manifester la vie que nous puisons en Christ. En voici le PDF.

 
Comment pardonner?
Le pardon est une puissance de guérison, certes! Mais il ne doit pas être donné n'importe comment; il y a des règles à suivre. La première consiste à reprocher l'offense à l'agresseur. Rater cette étape peut conduire la victime à enfouir l'offense dans son subconscient où celle-ci continuera à faire son travail de destruction, lent et imperceptible.
Cet article est tiré d'une publication plus complète intitulée: Le pardon, une puissance de guérison. En voici le PDF.

 
L'évangile de la prospérité: une fausse doctrine
L'évangile de la prospérité est une fausse doctrine, malheureusement très répandue, qui consiste à faire croire aux gens que s'ils donnent de l'argent au Seigneur, ou plutôt à ceux qui le prêchent, ils vont connaître, en retour, la prospérité matérielle et la santé. C'est ainsi que des prédicateurs peu scrupuleux ont abusé de la naïveté des fidèles et se sont enrichis sur le dos des pauvres.  PDF

 
Sommes-nous prédestinés?
Dieu ne choisit pas ceux qui vont être sauvés et ceux qui ne le seront pas. En revanche, il connaît à l'avance ceux qui acceptent de le suivre, et il les fait entrer dans l'école du Christ...  PDF

 
Christ en moi : qui fait quoi ?
La présence du Christ en nous par le Saint-Esprit ne fait nullement de nous des marionnettes. Elle nous aide au contraire à vivre pleinement notre condition d‘être humain créé à l’image de Dieu.  PDF

 
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire »
Au cours de son ministère terrestre, Jésus dépendait de son Père céleste dans tout ce qu’il entreprenait. A sa suite, nous devons également dépendre de lui si nous voulons accomplir une œuvre utile pour Dieu.   PDF

 
Servir : une dynamique révolutionnaire !
Servir son prochain est le dernier message que Jésus nous ait laissé avant de mourir. C’est un message révolutionnaire qui peut changer une société en profondeur.   PDF






Persévérer dans la volonté de Dieu

Articles publié dans le No 309 du LIEN des Cellules de Prière


Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
Plusieurs me diront au jour du Jugement : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons en ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité  (Matthieu 7.21-23).

Ce texte suscite plusieurs questions bien légitimes. Pourquoi Jésus refuserait-il l'entrée dans le Royaume céleste à des disciples qui ont œuvré de la sorte en son nom ? Au cours de son ministère terrestre, n'a-t-il pas envoyé lui-même ses disciples en leur donnant l'ordre de chasser les démons et de guérir les malades ? Ne leur a-t-il pas donné la puissance pour accomplir ses ordres ? Les gens dont il parle ici ont-ils fait quelque chose de faux pour mériter un tel rejet ? Pourraient-ils prophétiser, chasser des démons et faire des miracles, au nom de Jésus, sans être investis par la puissance du Saint-Esprit ? Cela ne semble pas possible ! Ou bien pourraient-ils avoir un tel ministère de puissance et être en même temps des pécheurs invétérés, au point de justifier ce rejet de la part de Jésus ? Cela semble difficile à envisager. Que faut-il donc en penser ?

Le sens réel du message de Jésus est ailleurs. Dans les versets 15-20 du même chapitre, Jésus met en garde ses disciples contre les faux prophètes : Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Là, manifestement, ces gens sont de faux prophètes qui mentent aux autres en prétendant leur parler de la part de Dieu.

Aux versets 21-23, la situation est différente : ces gens ont bien agi de la part de Dieu et par sa puissance, mais l’on peut supposer qu'à un moment de leur vie ils se sont relâchés ou ont même carrément dévié. Malgré cela, ils continuent de penser que le fait d'avoir prophétisé au nom du Christ ou d'avoir chassé des démons et fait des miracles en son nom va leur fournir automatiquement un ticket d'entrée pour le Royaume céleste. Non ! dit Jésus : l'important est de faire la volonté de Dieu, non pas seulement à un moment de votre existence, mais tout le temps et ceci jusqu'à la fin de votre vie sur terre. Il est en effet possible de bien commencer et de mal finir !

Pensez au disciple Judas, que Jésus a choisi pour faire partie de sa petite équipe. Il a été envoyé avec les autres disciples pour annoncer le Royaume ; il a reçu, comme les autres, la puissance de chasser les démons et de guérir les malades au nom de Jésus. Et pourtant, il a mal fini : il a renié et livré son Seigneur, il s'est sorti de la vie divine pour laisser les ténèbres pénétrer en lui. Il n'a pas fait de la volonté de Dieu sa priorité. Il s'est perdu par sa faute.

Le message de Jésus nous rappelle non seulement l'importance de faire la volonté de Dieu, mais également la nécessité de persévérer dans cette voie jusqu'au terme de notre vie. Jésus le dit bien : Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé (Matthieu 10.22 ; 24.13).

Tout au long de sa vie terrestre, Jésus a mis en pratique ce message. Il disait d'ailleurs ceci à ses disciples : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre (Jean 4.34). C'est ainsi qu'il définissait sa mission : Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé (Jean 6.38).

Puisque Jésus est notre modèle par excellence, voyons comment il a compris et fait la volonté de son Père céleste.

Jésus dans le temple à l'âge de 12 ans (Luc 2.42-50)
Sans doute, Jésus a eu très tôt l'occasion de lire les Écritures. Il est passionné par ces textes et, déjà à l'âge de 12 ans, il éprouve le besoin d'écouter et d'interroger les docteurs dans le temple de Jérusalem. À ses parents qui s'inquiétaient de ne plus le trouver, il répond : Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père ? Ce récit est important, parce qu'il nous montre que dès son plus jeune âge, Jésus prend du temps pour comprendre la volonté de son Père. C'est pour lui une priorité.

Jésus tenté dans le désert (Matthieu 4.1-11)
Juste après son baptême dans le Jourdain, Jésus est emmené par l'Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. Il va y passer en quelque sorte son examen d'entrée dans le ministère et montrer au monde spirituel de quelle autorité il veut dépendre.
 
Le principal objectif de Satan est de pousser Jésus à jouir de son statut privilégié de Fils de Dieu pour se distancier de son Père et agir de manière autonome. L'attaque est très subtile : Puisque tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. Satan pousse Jésus à faire un miracle pour sa propre satisfaction et que son Père n'a pas demandé. Puis Satan place Jésus sur le haut du temple et lui suggère ceci : Puisque tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit…. C'est pousser Jésus à tenter Dieu en l'obligeant à le secourir ; un miracle inutile, qui n'était pas dans la volonté de Dieu.

En citant les Écritures, Satan tente Jésus de manière très rusée et habile, mais ce dernier ne tombe pas dans le piège et réaffirme clairement sa volonté d'obéir à son Père. Sa priorité est de faire la volonté de son Père et rien que sa volonté. Cette ferme détermination l'a préservé de tomber dans les griffes de l'ennemi.

La vraie famille de Jésus  (Matthieu 12.47-50)
Un jour, on annonce à Jésus que sa mère et ses frères sont dehors et cherchent à lui parler. Jésus fait cette réponse étonnante : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère. On comprend ainsi que les liens qui lient à Jésus celles et ceux qui font la volonté de Dieu sont plus forts que les liens de la famille naturelle.

Dire ou faire ? (Matthieu 21.28-31)
Jésus raconte l'histoire d'un père qui avait deux fils. Il demande à l'aîné de travailler dans sa vigne. Le fils refuse, mais finalement il y va quand même. Le père demande la même chose au cadet. Celui-ci acquiesce, mais n'y va pas.
Jésus pose alors la question : Lequel des deux a fait la volonté du père ? Les disciples répondent avec raison : le premier. C'est effectivement lui qui a réellement fait la volonté de son père.

Jésus calque son action sur celle de son Père (Jean 5.19 ; 14.10)
J'aimerais relever ici deux paroles de Jésus qui nous montrent tellement bien sa dépendance vis-à-vis de son Père.
– Jésus vient de guérir un aveugle-né. Au lieu de se réjouir de la puissante manifestation de Dieu et de la guérison de ce pauvre homme, les pharisiens s'en prennent violemment à Jésus parce qu'il a fait une guérison le jour du sabbat. Non seulement il viole le jour saint du repos, mais en plus il appelle Dieu son propre Père. Jésus répond ceci : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. Si Jésus s'est permis d'intervenir un jour de sabbat, c'est parce que cette œuvre était dans le plan de son Père. Il n'a fait qu'accomplir la volonté de Dieu.

Nous sommes appelés à faire de même : calquer notre action sur celle du Seigneur ! Cela nécessite de notre part une attention constante à ses désirs et la ferme intention de les exaucer.
– Un jour, Philippe, un des douze disciples de Jésus, lui fait cette demande : Montre-nous le Père. Jésus lui répond ceci : Celui qui m'a vu a vu le Père… Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres.

Jésus rappelle à nouveau que cette communauté de vie qu'il entretient avec le Père est essentielle et que tout le reste en dépend. Au point que même ses propres paroles sont celles du Père, et que ses œuvres sont en réalité celles de son Père.

Nous aussi, nous sommes appelés à vivre la même chose, dans une dépendance totale vis-à-vis du Seigneur. Mais pour cela, il faut entretenir notre communauté de vie avec Lui.

La prière que Jésus enseigne à ses disciples (Matthieu 6.10)
Cette prière est connue dans le monde entier sous le terme "Le Notre Père". Elle est récitée chaque jour par des millions de chrétiens. La troisième demande est celle-ci : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Elle fait suite immédiatement à cette demande : Que ton règne vienne.

Vu l'état de notre monde, nous pouvons souhaiter de tout notre cœur que le règne de Dieu vienne et amène la justice, la paix, l'amour, la joie, etc. Mais pour que ce règne vienne, il faut que la volonté de Dieu soit faite sur terre comme elle est faite au ciel par les anges. C'est pour les chrétiens un long exercice d'obéissance et de sacrifice, parce que la volonté de Dieu est souvent contraire à la leur.

La résurrection de Lazare  (Jean 11.1-44)
Lazare est le frère de Marthe et Marie. Tous trois habitent à Béthanie et sont des amis proches de Jésus. Lazare est tombé malade et ses sœurs s'empressent d'envoyer un messager pour avertir Jésus afin qu'il vienne le guérir. Mais, délibérément, Jésus choisit de rester encore deux jours de plus là où il se trouve. Puis, enfin, il part vers Béthanie. En arrivant, il trouve ses amis en pleurs, car Lazare est mort depuis quatre jours ; il est déjà placé dans le sépulcre. Conduit au tombeau, Jésus ordonne que l'on ôte la pierre qui en ferme l'entrée, puis il fait cette prière étonnante : Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours ; mais j’ai parlé à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. Puis il crie d'une voix forte : Lazare, sors ! Et Lazare sort ; il est revenu à la vie.

La prière de Jésus nous montre bien l'étendue de la communauté de vie entre Jésus et son Père : ils partagent un même dessein, une même ligne, une même volonté. Dans ces conditions, il est normal que Jésus soit toujours exaucé, puisqu'il accomplit parfaitement la volonté de son Père ! Alors, pourquoi prie-t-il ? Jésus le dit lui-même : pour que la foule croie que c'est bien Dieu qui l'a envoyé. C'est donc une question de témoignage. Quelque temps auparavant, l'aveugle-né guéri par Jésus l'avait bien compris : Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs ; mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui-là qu'il exauce (Jean 9.31). Quelle belle déclaration !

Depuis la résurrection du Christ et son ascension auprès du Père, les chrétiens se retrouvent dans la même logique : s'ils vivent dans une profonde communauté de vie avec le Christ, leurs prières sont exaucées. C'est ce qu'expriment ces paroles de Jésus : En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père ; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai (Jean 14.12-14). Les mots en mon nom impliquent cette communauté de vie que le Seigneur nous appelle à entretenir avec lui. Ils impliquent que nous suivions le Christ dans un même dessein, une même ligne, une même volonté. La réponse à nos prières confirme à ceux qui nous entourent que nous sommes envoyés par Lui pour faire sa volonté. C'est une belle manière d'honorer le Père et le Fils.

Jésus à Gethsémané (Matthieu 26.36-44 ; Luc 22. 40-46)
Je ne peux pas clore ce rapide tour d'horizon sans parler du moment le plus dramatique de la vie de Jésus, hormis bien sûr le supplice horrible de la crucifixion. Nous sommes à Gethsémané, le soir précédant la condamnation à mort du Christ. Il est avec ses disciples et il commence à éprouver de la tristesse et des angoisses. Il s'éloigne un peu pour prier : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. À trois reprises, il fait cette même prière. Luc nous dit que Jésus est en agonie et que sa sueur est devenue comme des grumeaux de sang, qui tombent à terre. C'est une réaction physiologique rare (l'hématidrose) qui peut survenir en cas de stress majeur. Elle en dit long sur le trouble qui le saisit.

Si Jésus le voulait vraiment, il pourrait tout arrêter et renoncer à mourir sur la croix. Son Père l'accepterait certainement, tant son amour pour son Fils est grand. Mais Jésus refuse cette porte de sortie ; il ne regarde pas à ses propres souffrances, et il met la volonté de son Père au premier plan. Il persévère jusqu'au bout et obtient la victoire.

Se servir de Dieu ou servir Dieu ?
J'aimerais, pour terminer, citer une formule qui décrit deux manières de concevoir le verbe "servir" dans la vie chrétienne : il y a ceux qui se servent de Dieu et ceux qui servent Dieu. Les premiers considèrent Dieu comme une ressource extérieure, secondaire, à laquelle ils font appel lorsqu'ils en éprouvent le besoin. "Donne-moi ceci, fais cela…", comme si Dieu était à leur service. Leur priorité reste leur propre vie et leur relation à Dieu n'est que très secondaire, voire facultative. Les seconds reconnaissent que la volonté de Dieu est leur priorité et ils servent Dieu, parce qu'ils le considèrent comme leur maître.

Il est juste de voir en Dieu un Père aimant qui désire combler de bienfaits ses enfants. L'apôtre Paul recommandait ceci aux chrétiens de Philippe : Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose, faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance (4.6). Cependant, ces demandes ne devraient pas être notre priorité. C'est le sens des paroles de Jésus : Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données en plus (Matthieu 6.33). Chercher le royaume et la justice de Dieu, c'est chercher à faire la volonté de Dieu !


Questions :

Qu’en est-il de votre premier amour pour le Seigneur ?
Dieu peut-il vous parler personnellement ?
Comment mieux comprendre et faire la volonté de Dieu ?



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Faites fructifier vos talents

Article paru dans le No 305 du LIEN des Cellules de Prière


  En 1990, une année après la mort de Ceausescu, un collègue roumain est venu à Lausanne se former quelques mois dans le service de chirurgie vitréo-rétinienne. Dès son retour à Bucarest, il s’est démené pour mettre sur pied un plateau technique et commencer à faire des vitrectomies (opérations intraoculaires délicates du vitré et de la rétine). Mais les infirmières en salle d’opération trouvaient que ces opérations duraient trop longtemps et elles décidèrent de saboter son travail en vidant les bonbonnes de gaz utilisées pour faire fonctionner ses appareils. Plusieurs de ses instruments furent volés, à tel point qu’il dût se résoudre à les mettre sous clé dans son bureau entre deux opérations.

Son histoire n’était pas isolée : dès que quelqu’un sortait du lot en développant de nouvelles compétences, les autres se chargeaient de lui taper sur la tête pour le faire rentrer dans le rang. L’important était que tous soient égaux. Cette manière de faire, issue de décennies de communisme et de dictature, a marqué la société et freiné considérablement son développement.

La Bible nous donne un enseignement très différent. Nous avons tous reçu des dons (des talents) et nous avons le devoir de les faire fructifier, pour nous-mêmes, pour notre famille, pour l’Église et pour la société tout entière. Ce devoir est souligné par Jésus dans la fameuse parabole des talents (Matthieu 25.14-30) : trois serviteurs doivent faire fructifier les talents que leur maître leur a confiés. Ces talents ne sont pas répartis de manière égale : le premier en reçoit cinq, le deuxième deux et le troisième un. D’un point de vue symbolique, ces talents représentent les dons naturels et spirituels que le Seigneur a faits à chacun de ses serviteurs. L’important n’est pas le nombre de dons reçus, mais bien ce que nous en faisons. Souvenons-nous de cette parole de Jésus : On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié (Luc 12.48).

Mais voilà ! La mise en valeur de nos dons peut être freinée et même stoppée pour différentes raisons que nous allons envisager ici. Je vous propose de parler tout d’abord de ce qui concerne l’Église, puis ensuite la Société.

Dans l’Église

Prendre conscience de ses dons
Généralement, nous avons conscience de nos dons. Cependant, cette conscience peut être insuffisante et certains dons peuvent ainsi rester cachés et inexploités. Comme c’est dommage !

Demandons au Seigneur de nous aider à discerner les dons qu’il nous a faits, à nous en réjouir pleinement et à les exploiter au maximum ! Ce processus peut prendre du temps et certains dons peuvent n’être révélés que plus tard dans la vie. Personnellement, c’est à l’âge de 50 ans que j’ai compris que j’avais un don pour l’écriture et la vulgarisation de sujets théologiques compliqués.

Heureusement, certaines personnes savent discerner chez les autres leurs véritables dons et les encourager à les mettre en valeur. Ce ministère est très précieux ! Nous devrions d’ailleurs tous y participer d’une manière ou d’une autre, car c’est tellement important que chaque membre de l’Église puisse faire fructifier ses dons et les mettre au service de tous. Encourager les autres est précieux, et c’est si facile !

La crainte
Faire fructifier les dons que Dieu nous a accordés peut nous conduire à prendre des responsabilités qui font peur, à marcher dans des chemins difficiles et expérimenter une certaine solitude. Craignant de s’engager dans de telles voies, des chrétiens préfèrent enfouir leurs dons et ne surtout pas les montrer. Bien des prophètes dans l’Ancien Testament ont expérimenté cette peur et il a fallu que Dieu les bouscule pour qu’ils s’engagent. Je pense à Moïse, qui refusait d’aller parler à Pharaon parce qu’il se disait bègue. Gédéon se trouvait trop petit et faible pour délivrer son peuple de l’assaillant. Jonas ne voulait pas paraître ridicule en annonçant la destruction de Ninive. De grands prophètes, tels Jérémie, Ezéchiel, craignaient d’annoncer au peuple un message qui risquait de très mal passer. Mais puisque Dieu donne ce qu’il ordonne, il est possible de compter sur son aide dans l’exercice de nos dons. C’est le combat de la foi ! Nous pouvons compter sur la sagesse de Dieu pour qu’elle transforme notre intelligence afin que nous comprenions vraiment quels sont ses plans pour nous.

La convoitise
Convoiter les dons des autres est le meilleur moyen de ne pas faire fructifier ceux que l’on a reçus ! Agir ainsi, c’est mépriser Dieu qui nous a fait ces dons ; c’est refuser de lui obéir.

L’apôtre Paul décrivait très bien cette situation dans sa première épître aux Corinthiens (chap. 12). Rien ne va plus si, dans le corps, le pied veut être une main ou l’oreille veut devenir un œil. Paul admet que tous les organes n’ont pas la même importance, mais ils ont tous de la valeur aux yeux de Dieu. Aucun organe ne peut prétendre être le corps à lui tout seul. Aucun organe n’a le droit de s’enorgueillir de sa position et de sa visibilité, au mépris des autres. Paul le dit de façon très subtile (v. 22-25) : Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus faibles sont indispensables; celles que nous estimons le moins, nous les entourons de plus de soin que les autres; celles dont il est indécent de parler sont traitées avec des égards particuliers qu’il n’est pas nécessaire d’accorder aux parties plus convenables de notre corps. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur aux parties qui en manquent : ainsi, il n’y a pas de division dans le corps, mais les différentes parties ont toutes un égal souci les unes des autres.

Dans l’Église, beaucoup de chrétiens travaillent dans l’ombre et peu de gens voient réellement ce qu’ils font. Je pense à ceux qui ont un ministère de prière et qui passent des heures seuls dans leur chambre. Personne ne les voit, à part Dieu ; leur rôle est fondamental. Je pense à ceux qui participent à l’administration de l’Église, à ceux qui enseignent les enfants, à ceux qui font la cuisine lors de rencontres, etc. La liste est longue de tous ceux qui œuvrent dans l’Église sans que la majorité des fidèles ait conscience de leur travail. J’ai vu beaucoup de chrétiens se dévouer sans compter pendant de nombreuses années et souffrir de ne pas être reconnus pour ce qu’ils font. Et finalement apparaissent en eux non seulement une amertume qui est malsaine, mais aussi le désir de vouloir tout arrêter et de convoiter les dons que tous voient, reconnaissent et louent. C’est notre devoir à tous de les encourager et de les valider dans les fonctions que le Seigneur leur a attribuées.

Apprenons à nous réjouir des dons que Dieu nous a faits, faisons-les fructifier à sa gloire et réjouissons-nous aussi des dons faits aux autres. C’est ainsi que le corps peut pleinement se développer, ce qui sera profitable pour chacun.

La jalousie
La convoitise peut conduire à la jalousie, ce sentiment hostile envers ceux qui possèdent un don que l’on n’a pas et que l’on aimerait peut-être avoir. Cette hostilité peut revêtir toutes sortes de formes, qui ont en commun la volonté de rabaisser l’autre. L’exemple de mon collègue roumain en est un. On ne veut pas être dépassé par quelqu’un de plus doué, de plus brillant, de plus capable. On lui tape dessus pour le rabaisser à son niveau. Une telle attitude est contraire à la volonté de Dieu et ne peut amener que la destruction.

Jalouser les dons des autres montre que l’on n’a pas compris les dons que Dieu nous a faits et le chemin dans lequel il nous conduit. Il ne nous appartient pas d’interférer dans les plans que le Seigneur a établis pour nos frères et sœurs dans la foi. Il est libre d’accorder des dons comme il l’entend aux uns et aux autres. Certains reçoivent plus, d’autres moins, ce n’est pas notre problème. Notre responsabilité est de reconnaître leurs dons, et de faire fructifier les nôtres en suivant cet appel du Seigneur : toi, suis-moi (Jean 21.22).

La jalousie est un très bon indicateur de l’état spirituel d’un chrétien. Plus ce dernier est mature spirituellement, plus il saura se contenter de ce qu’il a reçu et s’en réjouir pleinement. À tel point qu’il n’aura aucune envie de jalouser les autres ; cela ne lui viendra même pas à l’idée. Il ne cherchera pas à avoir plus que ce qu’il possède, ni à avoir moins. Il sera heureux du chemin sur lequel il marche avec le Seigneur. Ce contentement intérieur est un signe important qui confirme que le chrétien se trouve au bon endroit dans le Royaume de Dieu et qu’il marche sur le bon chemin, dans la bonne direction.

La dictature, l'autoritarisme
Jésus reprochait aux religieux de son temps de ne pas entrer eux-mêmes dans le Royaume des cieux et de ne pas laisser entrer ceux qui le voulaient (Matthieu 23.13). On pourrait voir quelques similitudes entre cette attitude et celle de certains responsables d’Églises, despotes autoritaires et orgueilleux qui verrouillent l’exercice normal des dons au sein de la communauté pour se mettre en avant et tout contrôler. Ce n’est pas ainsi que l’Église, le corps de Christ, fonctionne !

Paul eut fort à faire pour remettre à leur place ces personnages ambitieux qui voulaient manipuler à leur profit les membres les plus faibles de la communauté. Ses épîtres en témoignent, notamment celles aux Corinthiens.

Ne laissons pas des chrétiens prendre le pouvoir dans la communauté. Le seul qui possède un pouvoir, c’est le Christ (Matthieu 28.18). Si les chrétiens ont reçu des dons, c’est pour les mettre au service des autres. S’ils ont été mis à des postes de responsabilité, c’est pour servir les autres. L’autorité que le Seigneur nous demande d’exercer n’est pas un pouvoir, mais un service. C’est très différent !

Dans la société

Le Seigneur nous demande d’avoir la même attitude dans la société. C’est ainsi que les chrétiens deviennent sel de la terre et lumière du monde (Matthieu 5.13-14). Le sens de la responsabilité individuelle et le désir de mettre leurs dons au service de la société ont conduit beaucoup de chrétiens à s’impliquer profondément dans la société et à mettre sur pied un système de gouvernement inspiré des valeurs judéo-chrétiennes et des ordonnances de l’Ancien Testament, notamment la représentativité des différentes parties du peuple au gouvernement. Ils n’ont pas voulu se démettre de leurs responsabilités au profit de l’État, et se sont engagés en tant que citoyens. Ils ont fait fructifier leurs dons et les ont mis au service de la communauté civile. C’est ainsi qu’ils ont joué un rôle considérable dans l’établissement de la démocratie.

La démocratie n’est pas un système parfait puisqu’elle ne fait que refléter l’état moral et spirituel des citoyens. Elle fonctionne bien lorsqu’une part importante des citoyens soutient les valeurs chrétiennes par une vie spirituelle authentique. Elle décline en cas contraire. Malheureusement, aujourd’hui, on peut se poser beaucoup de questions sur l’état de santé de nos démocraties, qui manifestement cherchent à s’affranchir de l’Évangile. Quel mauvais choix ! Car l’Évangile ne nous conduit nullement dans l’esclavage, mais au contraire il nous mène vers la liberté et la vie. Pourquoi donc le rejeter ?

Même si une telle évolution est décourageante, ne baissons pas les bras ! Continuons à vivre dans la société selon les valeurs que le Christ nous a enseignées ! Continuons d’être sel et lumière !



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Comment pardonner?

Article publié dans le No 302 du LIEN des cellules de prière, en 2022.


    «Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur ; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais     tu ne te chargeras point d'un péché à cause de lui. Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas     point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.     Je suis l'Éternel.» Lv 19.17-18

    Dans un de ses livres (Le sacrifice interdit, Paris, Grasset, 1986), Marie Balmary montre combien il est dangereux de garder en soi et de ne pas « traiter » une offense reçue. Celle-ci peut en effet engendrer de la haine qui pénètre au plus profond de l’offensé, jusque dans son subconscient, et induire des troubles psychologiques graves.

    Le pardon est donc essentiel, tout d’abord pour l’offensé et ensuite pour l’offenseur.
Mais pardonner n’est pas une mince affaire; le texte du Lévitique nous donne des pistes intéressantes à suivre dans cette démarche :

    Ce texte est si riche d’enseignements que je vous propose de le reprendre point par point.

    - « Tu ne haïras point ton frère dans ton coeur ». Garder de la haine contre quelqu’un est une offense contre Dieu. L’apôtre Jean l’affirme avec force :

    « Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier n'a la vie         éternelle demeurant en lui.» (I Jn 3.15) .

    - « Tu auras soin de reprendre ton prochain ». Certains traduisent ce verbe par « reprocher ». Marie Balmary fait remarquer que l’hébreu utilise ici deux fois le même verbe pour le mot reprendre, une fois à la forme personnelle et une fois à l’infinitif. C’est une tournure typiquement hébraïque pour renforcer une expression : il faut que tu reprennes ton prochain...

    La parole de reproche que nous adressons à l’offenseur est importante pour deux raisons :
    1) Elle est d’abord nécessaire à notre guérison. Car mettre l’offense en mots est le meilleur moyen d’évacuer notre haine naissante. C’est tout premièrement lui donner une existence pour l’empêcher de glisser dans le subconscient, échappant ainsi à notre contrôle. C’est ensuite lui donner une forme pour pouvoir mieux la maîtriser et l’évacuer. Au contraire, garder l’offense en nous, c’est la laisser se transformer en haine contre l’offenseur. Marie Balmary résume bien la situation : « une faute qui n’est pas dite est à nouveau commise ». C’est l’escalade de la violence.
   
    2) La parole de reproche est utile également à l’offenseur. Le verbe « reprendre, reprocher » n’est pas utilisé ici dans un sens de jugement, mais plutôt dans le sens de monter à autrui la faute dont il est l’auteur et dont il n’est pas forcément conscient. Jésus insiste aussi sur la nécessité de reprendre l’offenseur :

    «Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le ; et, s'il se repent, pardonne-lui.» (Lc 17 :3).

L’offenseur reçoit ainsi la possibilité de se mettre en ordre vis-à-vis non seulement de l’offensé, mais aussi de Dieu.

    - « Tu ne te chargeras pas d’un péché à cause de lui ». Même si notre haine reste cachée, nous nous chargeons d’un péché pour deux raisons. 1) La haine que nous entretenons dans notre coeur est un péché aux yeux de Dieu, car d’offensés que nous étions nous devenons des offenseurs. 2) Le mot « péché » utilisé ici pourrait aussi signifier pour nous les conséquences que cette haine peut avoir sur notre santé spirituelle, psychique et physique. Laisser la haine faire son oeuvre de destruction en nous est aussi un péché aux yeux de Dieu, car nous Lui appartenons. Et nous ne pouvons laisser détruire ce qui appartient à Dieu.

    - « Tu ne te vengeras point ». L’offensé doit reprendre l’offenseur afin que ce dernier se repente et change. C’est l’amour envers l’offenseur qui doit inspirer une telle démarche. La violence n’y a pas sa place !

    - « et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple ». Le nettoyage des racines de rancune et d’amertume doit être complet, non seulement en surface, mais aussi et surtout en profondeur. C’est notre responsabilité d’effectuer ce travail d’assainissement et de contrôler que rien ne repousse ! Pour nous tester, rien de tel que d’examiner notre comportement vis-à-vis de l’offenseur. Continuons-nous à le critiquer ? Avons-nous l’habitude de rappeler son offense ? Si tel est le cas, notre travail de pardon n’est vraisemblablement pas complet.

    - « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Nous sommes appelés à aimer notre prochain. Nous sommes aussi appelés à nous aimer nous-mêmes. Et ce n’est pas par hasard si cet ordre vient compléter les ordonnances relatives aux conflits. En effet, un conflit a une incidence non seulement sur notre amour pour l’offenseur, mais aussi sur l’amour que nous portons à nous-mêmes.

    L’offense non dite, non reprochée, non pardonnée, mais acceptée comme une fatalité, suscite une difficulté pour l’offensé à s’aimer lui-même. J’en veux pour preuve ces témoignages bouleversants de femmes qui se sont mises à se haïr après avoir été violées. Elles ont haï un corps qui avait été sali et qui restait souillé. Que de gens, blessés profondément dans leur enfance, souffrent d’une mauvaise estime d’eux-mêmes et ont de la peine à s’aimer. Leur guérison est difficile, car bien souvent l’offense a été enfouie dans le subconscient. L’aide de spécialistes, si elle est possible, permet d’en retrouver la trace. Souvenons-nous aussi que le Saint-Esprit révèle ce qui est caché et peut apporter une vraie libération par le biais de chrétiens de confiance ayant reçu un ministère de discernement.

    - « Je suis l’Éternel ». Il est bon de se souvenir qu’au-dessus de chaque conflit l’Éternel est présent. Il est la seule vraie référence. Cela nous replace dans nos vraies dimensions d’humains, fragiles et pécheurs, des créatures qui ont continuellement besoin de Dieu.


Que faire dans les situations suivantes ?

    J. Buchhold (Le pardon et l'oubli, Excelsis, 2015) estime que, selon l’Écriture, le pardon ne peut pas être accordé sans la repentance du fautif. Le texte déjà cité de Jésus va dans ce sens : « Si ton frère a péché, reprends-le ; et, s'il se repent, pardonne-lui » (Lc 17.3). Ne pas réclamer de repentance, c’est donner raison à l’offenseur et tort à l’offensé, c’est cautionner le mal et manquer d’amour envers l’offenseur, qui a besoin d’une réparation personnelle. Mais que faut-il faire lorsque cette repentance n’existe pas ?

L’offenseur ne veut pas se repentir.
    Au vu de tout ce qui a été dit plus haut, cela ne doit en rien entraver le processus de pardon en nous. Pardonner dans notre coeur à notre offenseur signifie pour nous une libération et une guérison, ainsi que le rétablissement d’une relation juste avec Dieu. C’est une première étape ; c’est notre étape personnelle. Nous pouvons d’ailleurs l’effectuer sans que l’offenseur n’en sache rien. Si nous sommes en contact avec lui, il se peut toutefois qu’il remarque notre changement de conduite à son égard.

    Vient ensuite la deuxième étape, celle qui consiste à donner notre pardon à l’offenseur. Comme dit plus haut, le don de ce pardon est conditionnel et dépend du repentir de l’offenseur. Cependant, plusieurs témoignages montrent qu’il peut y avoir des exceptions à cette règle. Certains chrétiens, martyrisés pendant la dernière guerre de 1939-45, ont pu retrouver leurs bourreaux après la libération afin de leur apporter leur pardon et leur parler de l’amour et du pardon offerts par Jésus-Christ. Ce message tellement contraire à la logique humaine a conduit plusieurs anciens bourreaux à se convertir et se repentir. Nous pouvons compter sur le Saint-Esprit pour nous montrer la voie à suivre.

L’offenseur est décédé.
    La démarche est la même : il nous incombe d’accomplir notre « étape personnelle », ceci pour notre bien avant tout. Il est utile de dire l’offense au Seigneur qui en sera témoin, et proclamer ensuite notre pardon. Si d’autres personnes assistent comme témoins à cette proclamation (peut-être aussi des proches de l’offenseur), cela renforcera notre démarche de pardon. Il peut également être très utile de mettre tout cela par écrit. Comme déjà dit, cela donne une existence à l’offense et l’empêche de glisser dans notre inconscient. Cela nous permet également de nous remémorer notre acte de pardon afin de le réactiver si nécessaire.

La douleur est trop forte.
    Une question surgit fréquemment lorsqu’on parle de pardon : comment pouvons-nous pardonner lorsque dans notre coeur une voix forte hurle à la vengeance et que la haine domine tout sentiment ? Lorsque la rage bouillonne au plus profond de nous-mêmes et ne demande qu’à sortir comme un volcan chaque fois que nous pensons à notre agresseur ? Nous pouvons comprendre intellectuellement la nécessité de pardonner, mais nous constatons qu’il y a en nous une autre force qui ne veut pas se soumettre.

    Une erreur très répandue consiste à croire que nous ne pourrons commencer à pardonner que lorsque notre coeur se sera calmé et qu’il n’y aura plus aucune amertume en nous. Notre pardon dépendra ainsi de nos sentiments, qui vont finalement dicter notre conduite. Jésus nous enseigne tout autre chose. Pour lui, pardonner est un acte qui dépend de la volonté et non des sentiments. Même si rien en nous ne nous pousse à le faire, nous pouvons décider de pardonner malgré tout. C’est notre responsabilité et personne ne peut le faire à notre place. Mais si nous tenons compte de nos sentiments, nous risquons fort de déchanter rapidement : nous avions pris un engagement et avions fermement décidé de pardonner ... mais voilà que rien ne change en nous. Notre révolte intérieure est toujours là, intacte. Nous expérimentons alors avec désespoir ce que Paul décrit si bien au chapitre 7 de l’épître aux Romains :

    « J’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ... misérable que je suis ! »

    Heureusement, Paul ne s’arrête pas à ses lamentations et nous donne plus loin la solution :

    « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ, notre Seigneur ! »

    En effet, la vie de Jésus et sa puissance de guérison nous sont communiquées par le Saint-Esprit, si du moins nous l’avons accueilli dans notre vie. Ce que nous sommes incapables d’accomplir seuls, nous pouvons désormais le faire avec lui.

    Toutefois, soyons réalistes ! Les changements ne vont pas s’accomplir d’une seconde à l’autre ! Cela prend du temps. C’est pourquoi Jésus nous exhorte à pardonner « jusqu’à septante fois sept fois » (Mt 18.22). Il y a dans cette expression une notion évidente de répétition. L’interprétation qui est généralement donnée est la suivante : si notre agresseur nous offense à plusieurs reprises, nous devrons lui pardonner encore et encore. On peut cependant donner une autre interprétation : lorsque l’offense est unique mais grave, et que la blessure est profonde en nous, nous risquons d’être confrontés de manière répétitive à la résurgence de notre révolte contenue tant bien que mal. Chaque fois qu’elle refera surface, nous serons appelés à nouveau à prendre position : « je pardonne parce que j’ai décidé de pardonner quoi que je puisse ressentir en moi. Je m’ouvre tout entier à l’action de l’Esprit Saint qui me transforme. »  Et petit à petit, de défaites en victoires, nous serons les témoins émerveillés d’un changement intérieur insoupçonné. En fin de compte, nous constaterons avec joie que le mal a été changé en bien et que nous avons gagné quelque chose de plus précieux encore : nous nous sommes rapprochés du Seigneur.


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L'évangile de la prospérité: une fausse doctrine

Article publié dans le No 299 du LIEN des cellules de prière, en 2021.


    Dès les débuts de l’Église, certains ont cherché à tordre l’Évangile et à répandre de fausses doctrines afin d’en tirer un profit personnel. Cette tendance a perduré tout au long de l’histoire de l’Église.

    L’évangile de la prospérité est une de ces fausses doctrines, qui, dès le milieu du 20e siècle, s’est répandue dans le monde et a fait des dégâts considérables, principalement chez les pauvres. Qu’en est-il ?

    Un témoignage percutant
    Costi Hinn, pasteur aux États Unis, a sorti en 2019 un livre étonnant et instructif, racontant comment sa famille est tombée dans le piège de l’évangile de la prospérité. L’auteur décrit également le long chemin qu’il a dû parcourir pour sortir complètement de cette fausse doctrine et retrouver une voie saine. Il vaut la peine de l’écouter.

    Le père de Costi naquit à Jaffa en Israël, dans une famille orthodoxe peu aisée. Après la guerre des six jours, la famille émigra à Toronto, au Canada. Son père et son oncle, Benny Hinn, se convertirent au christianisme. Ils furent impressionnés par le ministère de guérison de K. Kuhlmann (1907-1976), une des figures de proue du mouvement de guérison aux États-Unis. Ils commencèrent alors à s’intéresser à la théologie de la prospérité, prônant la santé et l’aisance matérielle.

    Le principe de cette théologie est relativement simple : c’est en offrant à Dieu une part de ses biens que l’on peut espérer recevoir de Lui en retour une part bien plus grande, sous forme de guérison ou d’argent. On pourrait parler d’un « retour divin sur investissement », une opération extraordinaire puisque Jésus parle de retour au centuple. Certains ont vu en effet dans cette parole de Jésus une confirmation de leur théorie:

    Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle (Marc 10.29-30).

    La conclusion des théologiens de la prospérité est claire : tout ce qui est offert au Christ est rendu au disciple au centuple, déjà dans ce siècle-ci.
    Donc, le meilleur moyen d’obtenir une guérison divine ou de prospérer financièrement est de donner de l’argent au Seigneur… ou plutôt à celui qui se dit le serviteur du Seigneur !

    Luc 6.38 dit également : Donnez, et il vous sera donné: on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.

    En donnant de l’argent au serviteur de Dieu, le chrétien est assuré d’obtenir de Dieu la récompense qu’il attend. Aucune banque ne peut en promettre autant !

    Costi Hinn raconte comment sa famille a prêché cet évangile-là et s’est ainsi progressivement enrichie, découvrant un luxe qu’elle n’avait jamais connu auparavant, un luxe tapageur présenté comme la preuve que Dieu les bénissait abondamment. Ils n’hésitaient pas à descendre dans les hôtels les plus luxueux et les plus chers, à faire leurs courses dans les magasins les plus chics, à s’acheter des voitures de très grand luxe. Ils sont entrés dans un cercle vicieux où le goût du luxe devenait toujours plus important et nécessitait un apport financier toujours plus grand.
    Il fallait donc privilégier avant tout la levée de fonds et pour cela rien de mieux que des tournées d’évangélisation et de guérison où des milliers de malades désespérés n’hésitaient pas à sacrifier toutes leurs économies pour obtenir une guérison.
 
    C’est lors de grandes rencontres d’évangélisation à Mumbai, en Inde, totalisant plus de quatre millions de personnes, que Costi commença à remettre en doute la théologie de la prospérité. Il fut choqué en voyant la pauvreté des gens qui donnaient le peu qu’ils avaient pour espérer obtenir une guérison ou la prospérité. Il devint amer en constatant que les prédicateurs ne pouvaient pas tenir leurs promesses. De plus, ils trompaient les gens en leur faisant de fausses prophéties. Leur tactique était simple et consistait à faire des prophéties en rafales, espérant que parmi cette salve de prophéties au moins une s’accomplirait. Et ça marche ! Comment pourrait-on résister lorsqu’un prédicateur vous affirme que Dieu veut que vous soyez riches et en bonne santé, et que vous ayez une vie agréable et facile en ne manquant de rien ? Pour cela, il vous suffit de le proclamer, de le croire… d’ouvrir votre portemonnaie et de donner de l’argent !

    Et si jamais cela ne se réalise pas, ceux qui demandent de l’aide doivent se remettre en question. Les fautifs, ce sont eux ! Si les gens sont pauvres, c’est de leur faute ! Leurs paroles pessimistes sur leur santé les empêche d’accéder à la richesse. Leur fréquentation de personnes « négatives » les bloque. Ils n’ont pas suffisamment de foi pour obtenir ce qu’ils demandent ou n’ont pas donné assez d’argent pour l’œuvre de Dieu. Ou peut-être ont-ils même dit du mal d’un serviteur de Dieu ? Tous ces arguments étaient habilement distillés de manière à excuser les échecs de la prière du prédicateur et pousser les gens à donner toujours plus.

    C’est ainsi que plusieurs prédicateurs de la prospérité ont accumulé une fortune estimée à quelques dizaines, voire centaines de millions de dollars. Une fortune acquise par le mensonge sur le dos des pauvres.

    Costi Hinn raconte ensuite le long chemin qu’il a été amené à faire pour sortir de cet engrenage diabolique et retrouver le véritable Évangile ainsi qu’une relation saine avec le Dieu souverain.

    Toute fausse doctrine s’appuie sur une part de vrai et une part de faux. Le diable sait habilement utiliser certains versets bibliques pour justifier ses mensonges. Reprenons donc certains textes, qui ont été tronqués, afin de les replacer dans leur contexte et leur vraie perspective.

    Une juste perspective biblique de la prospérité

    Dans l’Ancien Testament

    De nombreux textes nous parlent de croyants qui sont devenus riches. Citons quelques exemples.

    Les patriarches Abraham, Isaac et Jacob sont devenus progressivement riches et puissants. Leurs troupeaux se sont multipliés et ils ont accumulé toutes sortes de biens. Abraham et Lot avaient des richesses trop considérables pour qu’ils demeurent ensemble . C’est alors qu’ils décidèrent de se séparer pour éviter des conflits entre leurs bergers.

    Lorsque le roi d’Israël, Salomon, demanda à Dieu de la sagesse pour diriger son peuple, Dieu lui donna en plus la richesse et la gloire, parce que justement il ne les avait pas demandées.

    Les théologiens de la prospérité considèrent ainsi que les richesses matérielles font partie des bénédictions divines et qu’elles sont même un signe que le croyant marche fidèlement dans l’obéissance et qu’il est agréé par Dieu.
    Certains textes nous montrent que ce raisonnement n’est pas forcément juste.

    Le livre de Job nous raconte l’histoire d’un homme très riche, juste et droit devant Dieu. Il est agréé par Dieu qui en donne le témoignage suivant : Il n’y a personne comme lui sur la terre; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Mais Satan pose alors une question perfide : Est-ce de manière désintéressée que Job craint Dieu ? Il suggère ainsi un tout autre scénario : Job craint Dieu afin d’obtenir de lui toutes sortes d'avantages. On est au cœur de l’évangile de la prospérité !

    Satan propose à Dieu d’enlever à Job ses richesses et ce dernier finira bien par maudire Dieu. Le défi est accepté et Dieu laisse Satan mettre à l’épreuve son serviteur. C’est ainsi que Job perd subitement toutes ses richesses, puis sa famille, puis sa santé. Sa foi est terriblement ébranlée, mais elle persiste au travers des doutes. À la fin de cette terrible épreuve, Dieu redonne à Job des richesses, au double. Cette histoire passionnante nous rappelle que les richesses ne sont pas un dû et que Dieu peut même permettre qu’elles nous soient enlevées afin que nous découvrions qu’il y a quelque chose de tellement plus important que les richesses : c’est la relation d’amour et de confiance que nous pouvons entretenir avec lui. Voilà le vrai trésor qu’il faut rechercher et que personne ne pourra nous enlever !

    Notons encore que certains croyants fidèles, dans l’Ancien Testament, ont vécu dans le dénuement et la persécution à cause de leur foi. Plusieurs prophètes ont été tués parce qu’ils annonçaient fidèlement le message de Dieu.

    Le chapitre 28 du Deutéronome est très instructif : il parle des bénédictions qui accompagneront le peuple d’Israël si celui-ci garde l’alliance contractée entre Dieu et lui, et obéit aux commandements que Dieu lui a prescrits. Les bénédictions sont multiples et concernent tous les domaines de la vie, y compris les biens matériels et la santé. Mais en cas de rejet de l’alliance et de désobéissance aux commandements divins, ces bénédictions tombent et sont remplacées par des malédictions qui mènent à la pauvreté et la maladie.

    Ce texte du Deutéronome nous amène à deux conclusions complémentaires importantes : 1) la prospérité est le fruit de l’obéissance aux commandements divins, 2) la bénédiction divine accompagne celui qui respecte et honore l’alliance qui le lie à Dieu.

    Reprenons ces deux points :
    1) Celui qui agit envers son prochain avec droiture, honnêteté et respect a bien plus de chances de faire prospérer son entreprise que celui qui est malhonnête, ne tient pas parole et trompe ses clients. C’est une logique élémentaire, qui découle de l’obéissance à des principes divins de vie. Au 16e siècle, la Réforme de l’Église, introduite par Luther puis Calvin et d'autres, a permis de réintroduire ces valeurs morales bibliques dans la société, ce qui a grandement favorisé son essor économique. À cette époque, on a rapidement vu une différence de prospérité entre les pays qui mettaient en pratique les principes bibliques et ceux qui les délaissaient.

    2) À celui qui vit et agit selon les principes divins, Dieu donne une bénédiction particulière et surnaturelle en plus. C’est une grâce qui est accordée, selon le bon vouloir de Dieu. Elle n’est nullement un dû que nous pourrions réclamer ou, pire, acheter ! Précisons également que cette bénédiction peut être donnée sous différentes formes et que la richesse matérielle n’en fait pas forcément partie. Certains croyants n’ont pas connu la prospérité matérielle et pourtant ils ont eu une vie riche et dense dans d’autres domaines. Faisons donc bien attention de ne pas tomber dans le piège qui consiste à lier bénédiction divine et richesses matérielles. Celles-ci ne sont pas nécessairement un signe de la bénédiction de Dieu.

    Certains théologiens de la prospérité citent le verset 10 du chapitre 3 du livre de Malachie pour justifier leur pratique : Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance.

    En sortant ce verset 10 de son contexte, on pourrait effectivement penser qu’en apportant de l’argent (sa dîme) au Temple de Dieu, on encourage Dieu à ouvrir les écluses des cieux et répandre la bénédiction en abondance. En interprétant ce verset, certains prédicateurs font d’ailleurs, à tort, une analogie entre le Temple et leur église, entre le ministère des Lévites et le leur. Ils se prennent ainsi pour les nouveaux « Lévites » de l’église.

    En lisant le livre de Malachie, on découvre que malgré tout l’amour que Dieu prodigue à son peuple, celui-ci méprise son Dieu, lui désobéit et le trompe, notamment dans son devoir d’entretien des Lévites et des sacrificateurs qui font le service du Temple. Les dîmes ne leur sont plus versées et plusieurs Lévites ont dû quitter le service du Temple pour se vouer à l’agriculture afin de survivre. Dieu se fâche et menace Israël de représailles s’il ne se repent pas. Mais, comme toujours, il y a une note d’espoir en cas de repentance. Si le peuple revient de ses mauvaises voies, s’il apporte la dîme prescrite pour faire vivre le service du Temple, alors Dieu renoncera à ses malédictions et apportera à nouveau ses bénédictions. Ici, la logique du don est très différente de ce qu’en font les prédicateurs de la prospérité.


    Dans le Nouveau Testament

    Qu’en est-il dans le Nouveau Testament ? La logique de l’Ancien Testament décrite plus haut reste valable, mais Jésus augmente encore les exigences. Ce n’est pas un péché d’avoir des richesses, mais celles-ci sont faites pour être partagées et utilisées intelligemment en vue du bien commun. Les riches ont donc des responsabilités vis-à-vis des plus pauvres. Malheur à ceux qui exploitent les plus faibles à leur profit, malheur à ceux qui ferment les yeux sur ceux qui ont besoin d’aide. Les richesses doivent également être utilisées avec sagesse en vue de l'avancement du Royaume de Dieu.

    Jésus souligne un point nouveau : les richesses peuvent devenir un piège. En effet, elles peuvent empêcher ceux qui s’y attachent d’entrer dans le Royaume de Dieu. L’évangéliste Luc raconte la rencontre de Jésus avec un chef religieux, persuadé d’accomplir tous les commandements de Dieu. Jésus comprend de suite que cet homme est trop attaché à ses richesses et il lui suggère de vendre ses biens pour le suivre. Mais l’homme s’en va tout triste, car il a de grandes richesses et ne peut s’en séparer. C’est un réel problème spirituel : ses richesses le retiennent et l’empêchent de suivre Jésus.

    C’est alors que Pierre s’adresse à Jésus : Nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi. Et Jésus dit aux disciples : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause du royaume de Dieu, sa maison, ou sa femme, ou ses frères, ou ses parents, ou ses enfants, ne reçoive beaucoup plus dans ce siècle-ci, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle ».

    Les disciples ont tout quitté pour suivre Jésus. Ils n’ont, cependant, nullement fait le calcul suivant : « En quittant tout pour suivre Jésus, je serai richement récompensé ». Non ! Ils ont tout quitté pour suivre Jésus et faire sa volonté, et non pour obtenir une récompense. Et pourtant, dit Jésus, cette récompense sera bien réelle. Elle sera donnée sous diverses formes qu’il appartient à Dieu seul de déterminer. C’est son affaire !

    Les disciples ne deviendront pas riches après la mort et la résurrection du Christ, mais, effectivement, ils découvriront dans l’Église des frères et des sœurs à aimer, des enfants à élever, des parents à vénérer ; ils pourront également jouir des biens de toute nature appartenant à des frères. Le Christ ne les laissera pas dans la misère matérielle.

    À cette liste de promesses décrites ci-dessus, l’évangéliste Marc rajoute ces mots de Jésus : «avec des persécutions». Jésus ne convie pas ses disciples à vivre dans un paradis sur terre, mais à une vie riche de la présence de Dieu, et en même temps difficile à cause des persécutions qu’elle va susciter. L’apôtre Paul, dans ses épîtres, nous donne à plusieurs reprises un aperçu de sa vie. Une vie d’une richesse étonnante grâce à la présence agissante du Christ en lui ; mais aussi une vie parsemée de tribulations et de souffrances de toutes sortes. Voici ce qu’il dit : (Philippiens 4.12-13) : « Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie ».

    Tous ces témoignages confirment l’enseignement de Jésus, qui exhortait à rechercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice… sachant que les autres choses viendraient en plus, comme une conséquence de la recherche du Royaume. Parmi ces autres choses, il y a la possibilité d’expérimenter une guérison et celle d’avoir assez pour vivre. Je dis bien « possibilité », parce que cela n’est pas un dû.

    Le Livre des Actes (8. 9-24) raconte qu’un certain Simon, qui exerçait la magie avec succès, fut impressionné par les apôtres qui imposaient les mains aux croyants pour qu’ils reçoivent le Saint-Esprit. Il leur offrit de l’argent afin de recevoir, lui aussi, ce pouvoir. Pierre lui répondit ceci: Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait  à prix d’argent!
Souvenons-nous que la bénédiction divine est une grâce et que personne ne peut l’acheter !



Comment reconnaître ces faux docteurs et prophètes de la prospérité ?

    L’apôtre Paul, dans sa seconde épître, avertit les Corinthiens des dangers qui les menacent. En effet, de faux apôtres cherchent à les détourner du véritable Évangile afin de les exploiter. Voici ce qu’il leur dit : Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres (2 Corinthiens 11.13).
    Ces gens cherchent visiblement à obtenir de l’argent ou un certain pouvoir, ou les deux en même temps. L’église de Corinthe est gangrenée par ces doctrines mensongères, et malheureusement les croyants le supportent bien (2 Corinthiens 11.4).

    Voici ce que dit l’apôtre Pierre : Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils vous exploiteront au moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation, et dont la ruine ne sommeille point (2 Pierre 2.1-3 ).

    De ces textes nous pouvons dégager les traits caractéristiques suivants de ces faux docteurs et faux prophètes :
- Ils se font passer pour des gens bien, des apôtres du Christ.
- Ils cherchent à être populaires.
- Ils disent ce que les gens veulent entendre.
- Ils trompent pour s’enrichir.
- Ils ont un amour immodéré de l’argent.

    Si Paul reprend sévèrement les Corinthiens, c’est d’une part pour leur éviter d’être escroqués et dépouillés, et d’autre part pour stopper l’œuvre néfaste de gens cupides qui prêchent un faux évangile, empêchant ainsi les fidèles de vivre dans la plénitude du Christ. Le problème n’est donc pas que pécuniaire ; il est avant tout spirituel. En effet, Paul ne peut accepter que l’Évangile soit déformé et que le Christ soit bafoué. De même, nous devons, nous aussi, débusquer de telles fausses doctrines et les dénoncer. Cela demande beaucoup de discernement et de sagesse !

    Soyons donc vigilants et ne fermons pas les yeux sur les questions d’argent dans l’Église ! Demandons à Dieu de nous donner du discernement pour comprendre les véritables intentions des responsables dans la communauté. Faisons comme les disciples à Bérée, qui examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact. Faisons comme Jésus qui répondait aux tentations de Satan par ces mots : il est aussi écrit… C’est parce qu’il connaissait l’ensemble de la Révélation qu’il pouvait mettre en évidence les mensonges de son adversaire.

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Quelques versets sur la richesse

Les dangers

    L’amour de l’argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. 1 Timothée 6.10.

    Ne te tourmente pas pour t’enrichir, n’y applique pas ton intelligence. Proverbes 23.4

    Éloigne de moi la fausseté et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire. De peur que, dans l’abondance, je ne te renie et ne dise: Qui est l’Éternel? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, et ne m’attaque au nom de mon Dieu. Proverbes 30.8-9

    Un homme fidèle est comblé de bénédictions, mais celui qui a hâte de s’enrichir ne reste pas impuni. Proverbes 28.20

    D’autres reçoivent la semence parmi les épines; ce sont ceux qui entendent la parole, mais en qui les soucis du siècle, la séduction des richesses et l’invasion des autres convoitises, étouffent la parole, et la rendent infructueuse. Marc 4.18-19.

    Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. Matthieu 6.24

La richesse confère une grande responsabilité

    Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes oeuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. 1 Timothée 6.17-19

    Si quelqu’un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. 1 Jean 3.17-18


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Sommes-nous prédestinés?

Article publié dans le No 295 du LIEN des cellules de prière, en 2020.


    Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères.
 (Romains 8.29)

    On ne peut pas parler du livre de vie et des noms qui y ont été inscrits dès la fondation du monde sans aborder le sujet délicat de la prédestination et des choix que Dieu fait au sujet des humains. Le terme "prédestination" a malheureusement souvent été mal compris et déformé, ce qui a conduit à une fausse conception de Dieu, de son amour pour les humains et de son respect pour leur libre arbitre.
Qu'en est-il vraiment?

    Imaginons la scène suivante, lors d'un culte le dimanche matin. Vous arrivez à l'église et le pasteur vous donne à l'entrée un petit macaron bleu. Votre ami en reçoit aussi un, mais pas la personne qui est juste derrière vous. Et ainsi de suite. À quoi peut bien correspondre ce macaron? Vous allez vite le savoir!

    Le pasteur commence sa prédication ainsi: "Le Seigneur m'a chargé de choisir en son nom ceux qui seront destinés à entrer dans son royaume. Je leur ai donc remis un macaron bleu". Les membres de l'église se regardent les uns et les autres pour savoir qui a reçu un macaron. Et puis ceux qui n'ont rien reçu commencent à s'insurger contre une décision qui paraît totalement arbitraire et injuste.

    Le pasteur laisse parler... puis se décide à prendre la parole: "On a souvent cru et affirmé que Dieu choisissait parmi les humains ceux qu'il voulait voir entrer dans son royaume. Ceux qui avaient été ainsi choisis étaient donc "prédestinés". Mais si cela était vrai, si Dieu choisissait telle personne et pas telle autre, cela signifierait que l'être humain n'a plus aucune responsabilité personnelle. Quoi qu'il fasse, son salut est assuré...ou non. On appelle cela le fatalisme". Je clos ici l'image.

    Il est faux de dire que Dieu décide de sauver certains et pas d'autres, pour la simple et bonne raison qu'il souhaite que tous soient sauvés (1 Timothée 2.4). C'est son souhait le plus profond, mais il se heurte à une autre réalité, celle du libre arbitre des humains. En effet, certains acceptent l'offre de Dieu, d'autres pas.

    Dieu ne distribue pas des macarons bleus à certains et pas à d'autres, mais il appelle tout le monde à entrer dans son royaume. Hélas, tous n'acceptent pas d'y entrer. C'est ainsi que l'on peut comprendre cette parole de Jésus : "Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus" (Matthieu 22.14). Il y a peu d'élus parce que l'appel de Dieu n'est malheureusement reçu que par un petit nombre de personnes.

    Alors, comment expliquer ce terme "prédestinés" que Paul utilise dans ses épîtres aux Romains et aux Éphésiens? Si, comme nous venons de voir, la prédestination ne porte pas sur le salut, à quoi se rapporte-t-elle ?

    Je vous donne une autre image qui nous sera très utile. Imaginons la situation suivante : votre enfant a atteint l'âge d'entrer à l'école. Vous allez donc l'inscrire à l'administration scolaire. Est-ce que celle-ci va tout à coup se mettre en quête d'une solution pour votre enfant ? Va-t-elle réfléchir à un programme d'enseignement qui répondrait à votre demande ? Non ! Tout cela est prévu depuis fort longtemps !
L'administration a déjà fait la liste des élèves pour chaque année, en tenant compte des registres de l'administration communale. Elle sait que votre enfant doit commencer l'école ! Elle n'a donc pas attendu que vous veniez vous inscrire pour préparer les programmes d'enseignement, nommer les professeurs qui le dispenseront, choisir les salles de classe, etc. Tout a déjà été prévu à l'avance !

    Votre enfant entre donc dans une école qui a prévu tout son enseignement à l'avance ! On pourrait ainsi dire que votre enfant a été prédestiné à suivre l'enseignement de cette école afin d'obtenir un diplôme en fin d'études. Ce diplôme lui permettra de choisir ensuite un métier.

    Vous pouvez découvrir plusieurs analogies entre ce cas de figure et l'École du Christ, à quelques différences près :
- Dans de très nombreux pays, l'école est obligatoire, et il n'y a pas moyen d'y échapper. L'École du Christ, elle, n'est pas obligatoire : chacun peut décider d'y entrer ou non.
- D'autre part, l'école n'est obligatoire que jusqu'à un certain âge. L'École du Christ dure toute la vie.

    Je vous propose de reprendre le texte de Paul et de revoir les étapes envisagées:
    Ceux qu'il a connus d'avance : Comme Dieu est hors du temps, il connaît à l'avance nos choix. Il sait donc très bien qui décide d'entrer dans l'école du Christ et qui la refuse. Le fait qu'il connaisse nos choix n'enlève en rien notre liberté de choisir.
    Il les a prédestinés à être semblables à l'image de son Fils : c'est tout le programme d'enseignement à l'École du Christ : devenir semblables à Jésus. Et redisons-le, c'est une école qui dure toute la vie. Au début, le programme est adapté à l'élève débutant, et plus le temps passe et plus l'élève avance en maturité, plus les exigences du Professeur augmentent.
    Afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères : est-ce que nous réalisons l'honneur qui nous est fait ici ? Faire partie de la grande famille de Jésus, être un frère, une sœur de Jésus ! Demandons au Seigneur de nous révéler ce que cette position signifie concrètement pour nous dans la vie de tous les jours.

    Ainsi, lorsqu'une personne se convertit et accepte d'entrer dans le royaume de Dieu, elle entre donc à l'École du Christ et bénéficie d'un enseignement qui a été préparé bien avant sa naissance. Dieu connaissait à l'avance ceux qui répondraient à son appel et pour eux il a tout préparé à l'avance ! Le nouveau chrétien entre dans un programme de formation qui a été prédestiné pour lui et pour tous ceux qui feraient le même choix que lui.

    On pourrait penser que ce programme est le même pour tous et que, comme à l'école publique, tous doivent apprendre, à chaque classe d'âge, la même chose au même moment. Ce n'est pas du tout le cas ! Nous avons certes les mêmes objectifs: ressembler à Jésus, et nous bénéficions du même Saint-Esprit pour y arriver, mais nous ne sommes pas forcés d'avancer au même pas que les autres chrétiens. L'enseignement divin est adapté à chacune et à chacun. Nous marchons tous dans la même direction, mais pas de la même manière. Quel privilège de pouvoir bénéficier d'un professeur privé qui, tout au long de notre vie, tient compte de notre rythme de croissance !
C'est la Sagesse de Dieu!

    Ce qui vient d'être dit paraît simple. Trop simple, diront certains, qui ne manqueront pas de mentionner les nombreux cas où Dieu fait irruption dans la vie d'hommes et de femmes pour les enrôler dans son œuvre. Pensons à Abraham, à Moïse, aux prophètes, à David. Pensons à Saul de Tarse, le persécuteur des chrétiens, qui a été stoppé net par Dieu et appelé à le servir. Il est devenu l'apôtre Paul. Cependant, malgré la pression énorme qui a été mise sur lui, Saul avait la possibilité de refuser l'appel du Christ.

    Tous ces exemples montrent que Dieu est libre d'appeler les humains comme bon lui semble. Il est souverain. Mais cela ne change en rien le principe de la prédestination énoncé plus haut.

    Que faut-il penser des cas où Dieu a carrément rejeté une personne ? Citons quelques exemples : Pharaon, après que celui-ci s'est endurci contre Dieu, a été rejeté et condamné par Dieu lui-même. Le roi Saül, après qu'il a désobéi aux ordres divins, a été rejeté et destitué par Dieu, qui a établi David à sa place. Plusieurs rois d'Israël et de Juda ont suivi la même voie. Dieu n'a pas rejeté ces personnes de manière arbitraire ; il l'a fait parce qu'elles se sont endurcies dans leur rébellion contre lui, rendant vaines toute repentance et toute possibilité de retour à lui. Là aussi, ces exemples ne contredisent pas le principe de la prédestination.

    Du début à la fin, la Bible nous rappelle que Dieu fait grâce et accorde son salut. Nous n'y sommes pour rien ! Ou presque rien, puisque nous avons encore la possibilité de lui dire oui ou non.


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Christ en moi: qui fait quoi?

Article publié dans le No 288 du LIEN des cellules de prière, en 2018.


    Plusieurs fois au cours de ma carrière, des patients chrétiens m'ont demandé de prier avec eux avant l'opération (j'étais alors chirurgien de la rétine. J'ai pris ma retraite en 2017). Très fréquemment, j'entendais cette requête: "Seigneur, guide les mains du Dr Bovey!"
    Cette requête me mettait mal à l'aise parce qu'elle me plaçait dans une fausse position, celle d'une marionnette censée être actionnée par le divin marionnettiste. L'opération serait ainsi faite de main de maître, puisque le Seigneur guiderait mes mains! Une telle requête était cependant compréhensible. On aimerait tellement que Dieu manipule un peu le chirurgien afin que son travail soit parfait ! On aimerait qu’il s’immisce dans l’être même du chirurgien pour qu’il le rende plus efficient.

    Lorsque j'ai commencé la chirurgie, j'avais ce secret espoir que le Seigneur me donne ici et là un petit coup de pouce pour que je réussisse mon opération. L'expérience m'a appris que ce souhait était faux. Pire, il risquait de me conduire dans une certaine passivité: "je fais ce que je peux, et le Seigneur fera le reste!" Une telle attitude conduit tout droit à la médiocrité.
    J'ai dû apprendre que lorsque j'opérais, j'étais pleinement responsable de mes actes et que personne n'allait m'enlever cette responsabilité. J'ai donc dû, comme tous mes collègues, faire mon long apprentissage. Et c'est ainsi que je suis devenu un bon chirurgien.

    Je continue cependant de croire que le Seigneur peut interférer à tous les niveaux, lors d'une opération, comme bon lui semble. Mais j'ai appris à ne pas compter sur cette action pour suppléer à mes éventuelles insuffisances.
    Lorsque je sortais du bloc opératoire, je louais le Seigneur pour les dons reçus que j'avais pu mettre au service du patient. Je priais aussi pour que le Seigneur bénisse ce patient. Mais là, ce n'était plus ma responsabilité et je me sentais parfaitement libre de le faire.

    Ce témoignage met le doigt sur une problématique qui concerne tout chrétien désirant vraiment accueillir le Christ dans sa vie et lui obéir. Que faire de ce nouvel invité? Est-il un visiteur d'un soir ou un hôte permanent? Dans ce dernier cas, quel est son rôle? Sera-t-il un conseiller discret que l'on peut consulter à volonté? Va-t-il au contraire prendre les rennes de notre vie et nous reléguer à une place subalterne? Ce sont des questions importantes qui nécessitent des réponses précises.

    Après avoir découvert dans ma jeunesse la réalité du Saint-Esprit, j'ai voulu donner au Seigneur toute la place dans ma vie. J'ai ainsi cru bon de me mettre en retrait pour qu'il devienne vraiment le chef de ma vie. Je pensais tout particulièrement à ce verset de Paul: "Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi" (Galates 2.20). Très insensiblement, j'ai glissé vers une passivité malsaine, m'attendant en toute chose à ce que le Seigneur me conduise ou agisse. Mais la place que je souhaitais lui donner est restée un grand vide. C'était déprimant!

    Au cours d'un long processus que j'ai décrit ailleurs (Christ en moi: qui fait quoi, Scripsi, 2018. Voir la rubrique "Livres"), j'ai réalisé que le Seigneur ne veut nullement prendre notre place. Il refuse de nous dessaisir de notre responsabilité. Au contraire, il est là pour nous aider à l'assumer totalement. L’Esprit qu’il a envoyé pour venir habiter en nous n’est pas un Esprit de domination : il est une aide, un conseiller. Il est celui qui nous vivifie en nous communiquant la Vie du Christ ressuscité. Il se tient à côté de nous, non pas pour nous remplacer, mais pour nous aider à assumer notre rôle de chef de notre destinée.

    Vous l'aurez bien compris: l'oeuvre du Saint-Esprit consiste à nous réhabiliter pour que nous soyons en pleine possession de nos moyens. Mais cela ne signifie nullement que nous puissions ensuite vivre de manière autonome, sans lui! L'expérience nous montre que chaque fois que nous cherchons à conduire notre vie seuls, nous risquons fort de nous tromper de route ou de partir dans le fossé. Et à force de vivre ces échecs, nous en venons à comprendre qu'il est nettement préférable de suivre fidèlement le Seigneur. Cette obéissance, qui pouvait au départ paraître une privation de liberté, se révèle conduire à une vie épanouie et passionnante.

    "Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi".
Revenons à ce verset de Paul. Mal compris, il peut conduire à une sorte de non-existence (ou effacement) de la personne et susciter l'espoir que le Christ va occuper toute la place laissée vacante. Cela conduit à des drames. Je les ai vécus. Bien compris, il résume parfaitement l'essentiel de la vie chrétienne. Cela vaut donc la peine de l'étudier plus attentivement.
    Il y a deux tableaux dans ce verset:
    1. Ce n'est plus moi qui vis. Dans ce premier terme, le moi est tout seul. Il vit sans Dieu et se débrouille comme il peut pour diriger sa vie. Avec les "succès" que l'on connaît.
    2. C'est Christ qui vit en moi. Dans le second terme de la phrase, le moi n’est plus tout seul mais il est avec le Christ. Lorsque l’être humain entre dans une vraie relation avec le Christ qui vient habiter en lui par le Saint-Esprit, il n’est plus tout seul. Il est en communion avec le Christ. Et grâce à cette aide, il peut vivre d’une autre manière. C'est le coeur de la vie chrétienne!

    Essayons de voir quelques éléments de cette nouvelle cohabitation.

    Un guide magnifique
    Au cours de ma carrière, j'ai rencontré beaucoup de gens bien plus intelligents et brillants que moi. Il m'est arrivé de les envier. Mais après réflexion, je me suis dit que ma situation était sans doute meilleure que la leur car j'étais en relation avec le Dieu de Sagesse. La sagesse qu'il m'a donnée tout au long de ma vie m'a permis de bien conduire ma barque et de traverser les tempêtes sans faire naufrage. Cette sagesse, je l'ai acquise et reçue en méditant abondamment la Bible, dès l'âge de 10 ans. Le roi Salomon, un être surdoué, disait ceci : Confie-toi en l'Eternel de tout ton cœur et ne t'appuie pas sur ton intelligence ! Reconnais-le dans toutes tes voies et il rendra tes sentiers droits. Ne te prends pas pour un sage, crains l'Eternel et détourne-toi du mal : cela apportera la guérison à ton corps et un rafraîchissement à tes os.(Proverbes 3.5-8)

    Je l'ai expérimenté tout au long de ma vie et je sais que ces paroles sont vraies. La Bible regorge d'enseignements précieux et utiles dans tous les domaines. C'est une mine d'or qu'il vaut la peine de découvrir! Mais ce n'est
pas toujours simple! Et lorsqu'on peine à trouver des réponses, il faut recourir à d'autres aides.

    Plusieurs fois, je me suis trouvé à des carrefours compliqués. Comme j'avais de la peine à comprendre la volonté de Dieu, j'ai tout simplement demandé de l'aide auprès d'autres chrétiens habitués à l'écoute du Saint-Esprit. Chaque fois, j'ai reçu une réponse qui m'a permis de continuer ma route dans la bonne direction. C'est un privilège!

    Les réunions de chantier
    Lors de la construction d'une maison, les différents acteurs prennent chaque jour un temps à part pour se réunir et discuter de l'avancement du chantier. On appelle ces moments des "réunions de chantier". C'est là que l'on peut partager les difficultés rencontrées et recevoir les indications nécessaires à la poursuite du travail. Chacun repart ensuite avec une meilleure compréhension de ce qu'il doit faire et de la manière de le faire.

    Je me dis qu'avec le Seigneur il en est de même. Nous sommes dans son royaume pour accomplir une oeuvre qu'il nous a confiée. Nous avons, nous aussi, besoin de réunions de chantier journalières pour avancer. Sinon, nous risquons fort de faire fausse route.
   
    Personnellement, je vis ces réunions à différents moments de la journée. Souvent, la nuit, je me réveille et n'arrive plus à dormir. Je me lève alors et médite dans mon bureau. C'est un moment béni, comme arrêté dans le temps, sans bruit ni contrainte extérieure. D'autres fois, c'est le matin, ou pendant la sieste, ou le soir. Peu importe! L'important est de vivre ces rencontres régulièrement. Il faut également qu'il y ait un véritable échange: je me confie au Seigneur et je l'écoute.

    Les urgences d'en haut
    Dans un chantier, le patron n'est pas constamment derrière son ouvrier à lui dire: "fais ceci, fais cela". Il lui laisse une certaine marge de manoeuvre qui est d'autant plus grande que l'ouvrier est qualifié.
    En tant que chrétiens, nous avons une certaine marge de manoeuvre. En nous levant le matin, nous savons très bien ce que nous avons à faire au cours de la journée. Le Seigneur n'a pas besoin de nous le rappeler. C'est notre responsabilité. Cela n'empêche pas que nous pouvons continuer de jouir de sa présence qui nous fait du bien.

    Et puis parfois, le Seigneur intervient pour changer nos plans. J'aime bien parler alors des "urgences d'en haut". Cela n'était pas prévu dans notre planning.
Nous avons la possibilité de dire non; mais nous passons alors à côté de grands moments. Examinons la vie de Jésus. Très souvent, il a dû changer ses plans à cause des "urgences d'en haut", provenant de son Père céleste. Chaque fois, cela a donné lieu à de belles rencontres. Je pense à la Samaritaine rencontrée au bord du puits, aux dix lépreux, à Zachée, à l'officier romain etc.
    Je me suis mis à aimer ces urgences qui viennent chambouler mon quotidien. Elles me rappellent que le Seigneur chemine à mes côtés et qu'il se plaît à m'utiliser dans son royaume. Qu'y a-t-il de mieux pour donner du sens à la vie? Et ceci à tout âge!

    Pour aller plus loin ... quelques versets à méditer.
    "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos. Mettez-vous à mon école et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. En effet, mes instructions sont bonnes et mon fardeau léger."
(Matthieu 11.28-30)
    Accepter les instructions et le fardeau du Christ, est-ce abandonner ses propres responsabilités?

********

    "Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous- mêmes, car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps". (1 Corinthiens 6.19-20.)
    Notre corps ne nous appartient plus! Qui en est responsable?

********

    "Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous". (2 Corinthiens 4.5)
    Sommes-nous réduits à un rôle de contenant inerte et passif?

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    "Le coeur de l'homme médite sa voie, mais c'est l'Eternel qui dirige ses pas".
(Proverbes 16.9)
    Dieu dirige nos pas! Est-ce une contrainte ou un privilège?


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"Sans moi, vous ne pouvez rien faire"

Article publié dans le No 288 du LIEN des cellules de prière, en 2018.



    Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. (Jean 15.5)

    Sans moi, vous ne pouvez rien faire. Cette parole est étonnante! En effet, l'expérience montre que nous sommes capables de faire beaucoup de choses, sans Dieu. Il suffit de regarder les prouesses technologiques actuelles. Les humains ont-ils eu besoin du Christ pour faire toutes ces choses?
    En quoi cette affirmation nous concerne-t-elle aujourd'hui?

    Remarquons tout d'abord que Jésus adresse cette parole à ses disciples. Il est en train de leur donner un riche enseignement sur la manière de travailler dans le Royaume de Dieu. Nous ne sommes donc pas dans l'esprit du monde, mais dans celui du Royaume de Dieu où les lois du travail et les principes de fonctionnement sont très différents.

    Pour faire comprendre ces vérités à ses disciples, Jésus leur montre un pied de vigne. Pour que la sève puisse monter jusqu'au bout des sarments et produire du fruit, il faut que les sarments soient bien connectés au cep. C'est une évidence! Et si un sarment est cassé ou coupé, la sève ne peut plus passer et le processus de formation du fruit est interrompu.
    Où Jésus veut-il en venir? Il a déjà expliqué à plusieurs reprises à ses disciples qu'ils sont appelés à faire des œuvres différentes de celles que produit le monde. Ce sont des œuvres destinées à glorifier Dieu. Comme le dira Paul, ce sont des œuvres que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions.(Ephésiens 2.10).
    Elles ne peuvent pas être accomplies selon le modèle du monde, c'est-à-dire selon des principes purement humains. Elles doivent être faites selon un autre processus: elles ont besoin de la vie divine pour se développer. Et cette vie, seul Jésus peut la donner. Et c'est dans la mesure où les disciples seront connectés à Jésus par le Saint-Esprit, comme les sarments sont connectés au cep, qu'ils pourront devenir les transmetteurs de la vie divine et produire des fruits pour la gloire de Dieu.

    Pour que la sève passe, il faut que les sarments soient connectés et surtout qu'ils restent connectés jusqu'à la maturation du fruit. C'est important de le rappeler, car il peut arriver que nous commencions bien une œuvre, mais petit à petit nous laissons de côté cet enseignement: nous oublions de travailler avec Jésus; nous préférons travailler seuls. Nous oublions que pour produire un bon fruit, nous avons absolument besoin de la vie divine jusqu'au bout.

    Que d'œuvres chrétiennes ont bien débuté! Elles étaient fondées en Christ, elles ont prospéré grâce à cette vie divine qui animait ceux qui y étaient engagés, elles ont duré un certain temps et puis elles ont insidieusement décliné. Elles sont devenues des œuvres semblables aux œuvres humaines produites dans ce monde. Elles ont d'ailleurs adopté les modes de fonctionnement enseignés dans le monde. D'un point de vue humain, elles ont continué à avancer et rien ne peut leur être reproché. D'un point de vue spirituel, elles ont perdu leur vie initiale. Souvenons-nous de ce reproche cinglant fait par le Christ à l'église de Sardes:
    Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort.(Apocalypse 3.1)
    C'est un risque qui nous guette tous!

    Jésus disait à ses disciples qu'ils ne pouvaient rien faire de valable dans le Royaume de Dieu sans lui. Il ne s'est pas contenté de l'enseigner, il l'a vécu lui-même!
    Voici ce qu'il dit de sa dépendance de son Père:
    Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit le Père faire; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement.(Jean 5.19).

    Ces paroles ne sont pas faciles à comprendre. Peut-être Jésus s'est-il inspiré de son métier de charpentier qu'il a appris en travaillant avec son père, Joseph. Il le regardait faire et il essayait de faire de même. Plus tard, dans son ministère, il était en contact étroit avec son Père céleste et prenait ainsi connaissance des œuvres que son Père voulait qu'il fasse sur terre. De plus, il acquérait les moyens de les accomplir. D'autres paroles de Jésus en témoignent:

- Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi- même; c'est le Père qui vit en moi qui fait lui-même ces œuvres.(Jean 14.10)
 
- Je n’ai point parlé de moi-même; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer... C'est pourquoi les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites.(Jean 12.49-50)
    J'en conclus que Jésus tirait de son Père toute l'inspiration pour ses œuvres et son enseignement. Quel exemple!

    Jésus avait reçu le Saint-Esprit sans mesure. Il avait avec son Père une communion parfaite que nous ne pourrons jamais avoir à ce degré. C'est sans doute pour cela que nous peinons à comprendre cette dépendance. Je me dis tout de même que si Jésus vivait et travaillait ainsi, nous ne pouvons prétendre œuvrer sur terre en nous passant de lui. Jésus disait bien que le serviteur n'est pas plus grand que son maître. Si Jésus a estimé vital de dépendre ainsi de son Père au cours de son ministère terrestre, nous devons nous aussi dépendre de lui pour vivre et travailler.(Ephésiens 2.10) L'exigence est de taille!


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Servir : une dynamique révolutionnaire!

Cet article a été publié dans le No 291 du LIEN des cellules de prière, en 2018.



    Nous sommes à la veille de la crucifixion de Jésus. Le Maître mange pour la dernière fois avec ses disciples. Le moment est donc particulièrement solennel et émouvant.

    Au cours du repas, les disciples posent une question surprenante à Jésus: "Qui doit être considéré comme le plus grand parmi nous ?" (Luc 22.24-25). Jésus se lève de table, verse de l'eau dans un bassin et se met à laver les pieds de ses disciples (Jean 13.1-20).

    Normalement, le lavement des pieds se fait avant le repas. Il est effectué par des serviteurs ou éventuellement par d'autres personnes qui désirent tout particulièrement marquer leur affection à l'égard de leur invité. Dans le cas présent, la règle voudrait que les disciples lavent les pieds de leur maître. Ils ne l'ont pas fait. Au lieu de cela, ils cherchent à savoir qui est le plus grand parmi eux!

    En lavant les pieds de ses disciples, le Seigneur casse un schéma tout humain. Il se met dans une position de serviteur et leur donne ainsi un enseignement majeur. Jésus l'explique :

    Les rois des nations dominent sur leurs peuples et ceux qui exercent le pouvoir sont appelés bienfaiteurs. Que cela ne soit pas votre cas.

    Jésus décrit ici le schéma humain classique : c'est la loi du plus fort qui prévaut. On règne par la force physique ou intellectuelle et le titre de bienfaiteurs est même souvent donné aux tyrans les plus durs, malgré leur méchanceté. À cette société humaine déséquilibrée, Jésus oppose un type de société nouvelle : la loi du plus fort est remplacée par la loi du service. Chacun est appelé à servir, qu'il soit aîné ou plus jeune, grand ou petit. Servir est donc un moyen que Jésus met en place pour casser une dynamique destructrice, celle du dominateur qui exploite les autres pour son propre profit. Servir est juste le contraire : c'est chercher le bien de son prochain, l'aider à prospérer et à occuper sa vraie place dans la société.

    J'ai un peu artificiellement scindé cette action en deux volets: A) aider le plus faible à se relever pour qu'il occupe sa vraie place, et B) conduire le plus fort et l'abuseur à renoncer à sa place dominatrice pour qu'il retrouve, lui aussi, une juste place selon le dessein de Dieu.

    A) Aider le plus faible à se relever
    La relation faussée entre le dominateur exploitant et le dominé exploité est si ancrée dans certaines sociétés que les gens ont une peine folle à sortir de ce schéma.
    Je vous donne un exemple. Dans les hôpitaux où j'ai travaillé, j'ai toujours pris la peine de saluer aimablement les personnes qui s'occupaient du nettoyage et de l'entretien. Parfois, certaines d'entre elles, des étrangères, me regardaient avec un air ahuri. J'ai alors demandé ce qui se passait. On m'a répondu que, dans leur culture, un médecin ne s'abaisse pas à saluer une femme de ménage. J'ai persévéré et petit à petit un sourire et un petit geste de la main ont répondu à mon salut. Le message passait. Dire bonjour, ce n'est vraiment pas grand- chose, mais c'est un début. Respecter leur travail, leur parler, les remercier, leur donner si nécessaire un petit coup de main, voilà quelques attitudes simples qui peuvent changer une relation et aider l'autre à sortir d'une position de dévalorisation.

    Combien de gens ont été rabaissés depuis leur plus tendre enfance? Par leurs parents, leur famille, leur milieu social et professionnel, peut-être même leur église? Finalement, ils ont pris le pli et ne se voient pas autrement que dans une position d'inférieur, voire d'esclave.

    C'est en premier lieu à ces gens que Jésus est venu parler. Il s'est mis à leur hauteur pour les servir, les guérir, les réhabiliter. Du coup, se voyant à la même hauteur que Jésus, ils se sont sentis rehaussés, revalorisés, prenant non une stature d'esclave mais celle d'homme et de femme libres.

    Si Jésus s'est comporté ainsi, nous devons marcher à sa suite, dans ses pas. Jésus l'a rappelé à ses disciples :

    Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait... le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. (Jean 13. 14-16)

    Chaque fois que nous servons une personne faible et abaissée, nous lui donnons une chance de remonter la pente. C'est aussi pour nous la possibilité de communier avec le Seigneur. Nous suivons ses traces et c'est là que nous le rencontrons.

    Je vous donne un autre exemple. Dans une salle d'opération, il y a toute une hiérarchie : le chirurgien occupe une place dirigeante et l'aide de salle se trouve au bas de l'échelle. Entre deux se répartissent les autres collaborateurs en fonction de leurs niveaux de formation. C'est le schéma classique, qui fonctionne, mais souvent au prix de bien des souffrances.
    En tant que chirurgien, j'ai appris à regarder tous les membres de l'équipe comme des collaborateurs qui œuvrent sur le même plan que moi. Chacun fait son travail sans se mettre au-dessus des autres. Cela fonctionne très bien. Mes collaborateurs étaient heureux de travailler avec moi, l'ambiance était sereine et l'efficacité était toujours là. Chose étonnante: mon état d'esprit a fini par "déteindre" sur les autres membres de l'équipe.

    B) Conduire le plus fort à s'abaisser
    Quand on parle de service chrétien, on pense généralement au point A traité ci-dessus. Mais on oublie qu'il y a encore une autre partie, qui est sans doute bien plus difficile : conduire le plus fort à s'abaisser.

    Humainement parlant, on serait tenté d'utiliser la force pour l'abaisser, mais ce n'est pas du tout le plan divin. Ecoutons plutôt Jésus :

    40 Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
    43 Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. 44 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
    46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même?
    48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5. 40-48)

    Les versets 40-41 ont toujours été énigmatiques pour moi, jusqu'à ce que je les considère sous l'angle abordé ici. Qu'en est- il? Le rapport de force n'est pas très clair de prime abord. Le créancier veut-il faire un procès et prendre la tunique en gage? Lui donner en plus le manteau éviterait-il le procès? C'est possible. On peut aussi penser que le fait de donner le manteau casse un rapport de force qui n'est pas sain.

    Il en est de même avec celui qui oblige à faire un mille. La Bible Annotée dit ceci: "L'expression est empruntée à un usage oriental introduit par les Perses, d'après lequel les employés de l'État, et en particulier les courriers postaux, étaient autorisés à requérir des hommes pour porter un message, un fardeau etc." Faire un mille de plus, c'est une manière de casser un rapport de force dominant-dominé et de dire : "Tu me traites comme un esclave en m'obligeant à faire un mille pour toi. Sache que je ne suis pas ton esclave, c'est pourquoi je t'en offre un de plus". En agissant ainsi, l'exploité devient celui qui sert, celui qui donne. Il reprend la main. Ainsi, il se met à la même hauteur que l'exploitant et oblige celui-ci à reconsidérer sa position.

    Aimer ses ennemis, les bénir au lieu de les maudire, prier pour eux, leur faire du bien, tous ces ordres de Jésus entrent dans la même logique.

    C'est une belle utopie, me direz-vous! Malheureusement, la réalité vous donne souvent raison: "Donner son manteau" ou "faire un mille de plus" peut ne pas aboutir. La relation reste faussée. Il faut donc utiliser d'autres moyens pour faire comprendre à l'autre qu'il est dans une position d'abuseur et d'exploitant. Un moyen efficace peut être la parole.

    Aux pharisiens qui pensaient avoir un pouvoir sur Jésus, celui-ci leur répond ainsi, en parlant de sa vie :

    Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même. (Jean 10.18)

    Lors de sa comparution devant Pilate, Jésus n'a pas hésité à remettre en place ce dernier qui s'enorgueillissait d'avoir le pouvoir de le crucifier. Il lui dit ceci :
Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'avait pas été donné d'en haut. (Jean 19.11)

    Jésus est resté constamment maître de son service et a insisté pour que les autres le comprennent. Il leur a aussi parlé.

    Si nous sommes dans une position d'exploité et d'abusé, demandons au Seigneur de nous inspirer pour que nous puissions dire à l'autre une parole claire. Une parole qui puisse le remettre en question. C'est un service que nous lui rendons.

    Malheureusement, il arrive bien souvent que l'abuseur ne se remette pas du tout en question, qu'il persévère dans sa méchanceté et devienne un persécuteur. Jésus nous a clairement avertis :

    Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi... (Jean 15.20)

    C'est une réalité qui fait partie de la vie chrétienne. Nous pouvons être persécutés et ne rien pouvoir y changer. Nous n'avons alors d'autre alternative que de persévérer dans la prière et nous confier en Dieu qui nous secourt dans la souffrance. (Voir 1 Pierre 2.19-20)

    Revenons au service! Lorsque Jésus demande à ses disciples de s'abaisser pour servir l'autre, il ne cherche nullement à détruire le principe de la hiérarchie et supprimer toute position d'autorité. Il se présente d'ailleurs à ses disciples comme le Seigneur et le Maître. En réalité, ce que Jésus veut détruire, c'est l'utilisation d'une position dominante pour exploiter et asservir le subalterne. On est donc loin des idées révolutionnaires anarchistes qui veulent détruire l'autorité.

    Toute personne qui est placée à une position d'autorité peut suivre l'exemple de Jésus. Elle peut assumer sa fonction et servir les autres. Les deux ne sont pas du tout incompatibles! Le président d'un État peut servir sa nation en accomplissant honnêtement et humblement sa tâche. Il ne cherche pas à tirer profit pour lui-même de son peuple, il ne l'exploite pas, mais il fait tout pour que son pays se développe le mieux possible et que chacun puisse en bénéficier.
    Le patron d'une entreprise peut servir ses ouvriers en gérant correctement ses affaires, selon les valeurs que la Bible nous enseigne. En faisant cela, il ne perd nullement son autorité, bien au contraire! Il a la satisfaction d'accomplir une noble tâche et de travailler dans le royaume de Dieu. Il aura la joie de voir la bénédiction divine reposer sur lui et sur tous ses collaborateurs. Une telle joie n'a- t-elle pas infiniment plus de prix que la satisfaction de gagner de l'argent en exploitant les autres?

    L'enseignement sur le service que Jésus nous donne ici peut transformer une vie. Il peut changer beaucoup de choses dans la société, parce que la dynamique qu'il apporte est révolutionnaire et s'oppose à la loi du plus fort, une loi qui détruit les plus faibles.

    Voulons-nous relever ce défi?

    Questions:
    1. Comment puis-je mettre en pratique dans ma vie familiale et professionnelle ce message sur le service?

    2. Quelle est ma relation avec mes subalternes?

    3. Comment comprendre cette exhortation de Paul: "... que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes" ? Philippiens 2.3

    4. Savons-nous que nous recevrons au Jugement dernier selon le bien ou le mal que nous aurons fait pendant notre vie ici-bas? 2 Corinthiens 5.10. Voir aussi: Matthieu 25.31-46

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